Jovenel Moïse donnerait tout pour une nouvelle Constitution renforçant les pouvoirs de la présidence…
« J’accepterais un Premier ministre de l’opposition et une réduction de mon mandat, mais seulement après l’adoption d’une réforme constitutionnelle renforçant la présidence », a confié à l’Associated Press le président Jovenel Moïse, vendredi 7 février 2020.
Le président Jovenel Moïse, selon la dépêche de l’AP, dit qu’il veut une nouvelle Constitution stipulant que les propositions présidentielles entreront automatiquement en application si l’Assemblée nationale ne vote pour ou contre dans 60 jours. Il veut aussi que les mandats électifs soient de 5 ans.
Le président Jovenel Moïse, dauphin de Michel Martelly, s’est dit optimiste quant à une issue à la crise. Avant AP, c’est à une autre agence étrangère, Reuters, que le chef de l’Etat s’était confié sur la réforme constitutionnelle qui devrait être votée dans un référendum. Le président Jovenel Moïse, qui a bouclé ses trois premières années de mandat, dirige un pays qui s’enfonce de plus en plus dans la pauvreté. L’économie est entrée en récession en 2019 et le nombre d’Haïtiens en insécurité alimentaire se compte par millions, plus de 4 millions. L’inflation est supérieure à 20 % et la gourde, en l’espace de quelques mois, a perdu plus de 25 % de sa valeur.
Le président Moïse, qui s’était choisi Jack Guy Lafontant comme Premier ministre, a été contraint d’accepter sa démission après les évènements des 6,7 juillet 2018. Après plus d’un an à la Primature, le Dr Lafontant a laissé une économie en début de chute libre avec plus de 20 milliards de gourdes de déficit budgétaire, un record.
L’arrivée de Me Jean-Henry Céant a permis au président de passer des caps difficiles après les manifestations de fin 2018 et de début 2019, dans le sillage de la publication des rapports sur l’utilisation du fonds PetroCaribe qui ont esquissé le portrait d’investissements inefficients, d’investissements ayant porté préjudice à la communauté quand la CSC/CA ne parle pas tout simplement de stratagème de détournement de fonds. Le Premier ministre Jean-Henry Céant, appelé à la rescousse, a perdu la confiance du président Moïse et a été censuré par sa majorité à la Chambre des députés.
Le Premier ministre Jean Michel Lapin avait assuré l’intérim avant d’être nommé. Il n’a pas pu passer l’étape de la ratification chez les sages. Une rixe a éclaté lors d’une des deux séances avortées de déclaration de politique générale. Sans gouvernement légitime, sans budget, sans argent frais du FMI et des autres bailleurs et après le choix de Fritz William Michel, le président Moïse a fait face au courroux de sénateurs de la minorité qui ont eu recours à des stratégies anti-démocratiques pour barricader la voie vers la Primature. L’échauffourée au Sénat début septembre s’est étendue. Les barricades ont été maintenue pendant les mois du « peyi lòk ».
Le président Jovenel Moïse, après cette interview à Associated Press, a montré ses cartes, exprimé ses envies et placé haut la barre de ses exigences plus d’une semaine après l’échec du dernier round de négociations politiques à la nonciature apostolique avec des signataires des accords de Marriott et de Kinam.