Salaire minimum : la « générosité » des députés fait déjà des dégâts

Published On avril 1, 2019 | By Samanta Bellange | Uncategorized

La modification de la loi sur le salaire minimum par la chambre des députés n’est pas sans effets. Elle a crée de la « panique » et « fait poindre le spectre d’une augmentation plus importante de l’inflation », a confié au journal le président de l’Association des industries d’Haït, Georges Sassine, vendredi 29 mars 2019. Il y a déjà des anticipations négatives au niveau la sous-traitance. Par exemple, S and H Global (SEA), plus de 13 000 ouvriers, le plus gros employeur du pays après l’État haïtien, a décidé d’arrêter son plan d’expansion et les perspectives de création 20 000 personnes au parc de Caracol.

Le chairman du board de cette compagnie s’est entretenu avec le président dominicain, Danilo Medina récemment pour pouvoir installer leurs nouvelles capacités de production en République dominicaine, a révélé Georges Sassine. Si les coups durs comme celui de cette semaine continuent, S and H Global pourrait laisser Haïti, a-t-il poursuivi, très préoccupé que la BID, pour le moment, ait décidé de ne pas débloquer les 41 millions de dollars américains pour financer des nouveaux bâtiments au parc industriel de Caracol.

Le journal a appris de sources proches de la BID que la banque a déjà notifié les autorités haïtiennes de la décision. « Le parc de Caracol n’est pas géré. Il y a des problèmes de salubrité, de sécurité entres autres », a expliqué cette source.

Le Nouvelliste a appris d’une autre source que le Parc industriel de Caracol et la Sonapi ont été « donné à des alliés du régime Tèt Kale » qui font ce que bon leur semble mais pas ce qui est bon pour ces infrastructures.

Le président de l’ADIH a indiqué avoir écrit au président du Sénat, Carl Murat Cantave, pour discuter des préoccupations du secteur des affaires.

Il n’y a pas que la sous-traitance textile qui pèse presqu’un milliard de dollars, soit 90 % des exportations d’Haïti et plus de 55 000 emplois qui est inquiète suite à la décision très généreuse des députés d’augmenter de plus de 78% le salaire de base dans ce secteur.

Si ces modifications sont votées le Sénat et publiées par l’exécutif, les entreprises produisant pour le marché local seront aussi impactées. Cela provoquera une augmentation de l’inflation, a auguré Georges Sassine.

Clifford Apaid, directeur des opérations au sein du Groupe Apaid, qui confie son « étonnement » par rapport au choix unilatéral de la Chambre des députés d’augmenter de 78 % le salaire dans le secteur textile après les 20 % de l’an passé, a souligné que le salaire minimum « a augmenté de 500 % entre 2007 et 2019, passant de 70 gourdes à 420 gourdes en février 2019. L’inflation, pour la même période, a cumulé pour atteindre 143,7 % ». Pour ce responsable du groupe Apaid qui pèse plus de 7000 emplois dans le secteur textile, le vote de la Chambre des députés est un « message qui casse la confiance des investisseurs étrangers ». Clifford Apaid dit encourager les sénateurs à faire preuve de sagesse et de bien réfléchir à leur approche de ce dossier pour éviter des mises à pied massives envisagées par des usines en Haïti où le chômage affecte 70 % de la population active.

Me Jean Bonald Fatal, responsable du syndicat des employés du secteur public et privé, a estimé que les députés, après avoir voté la loi sur le 3×8, préjudiciable aux ouvriers, « essaient de se racheter en votant les modifications de la loi sur le salaire minimum ». « Ils essaient de faire justice », a poursuivi Me Fatal, qui a déploré « les tractations du gouvernement et de l’ADIH depuis 2017 et bien avant pour contrôler le CSS, une structure prévue par la loi dont la mission est d’enlever aux politiques et à la rue le dossier des salaires dans l’économie ». Le CSS n’a pas de budget, pas d’experts. Il n’avait rien pour faire son travail, a déploré le syndicaliste.

Le bureau CTMO/HOPE et le bureau du facilitateur du travail, dans une note signée par Luc Especa, président CTMO/HOPE, ont indiqué être très alarmés par les appréhensions provoquées par la modification de la loi sur le salaire minimum par la Chambre des députés qui augmente le salaire minimum de 79 % dans le secteur textile. La note appelle les opérateurs au calme et les assurent que les plus hautes autorités du pays seront sensibilisées à la nécessité de maintenir un climat profitable dans le secteur et le bien-être des travailleurs. Pendant que le gouvernement est très attaché aux principes pour améliorer les conditions de vie des ouvriers et ne brisera pas les accords pour atteindre ces objectifs, lit-on dans cette note de presse.

Le manager de l’IFC, société de la Banque mondiale, dans une correspondance adressée au ministre de l’Économie et des Finances, Ronald G. Décembre, a partagé « une préoccupation relative aux impacts potentiels d’une éventuelle modification significative de la loi fixant le salaire minimum dans les établissements industriels et commerciaux, telle qu’approuvée par la Chambre des députés ».  « Dès l’annonce de ce vote le 26 mars 2019, nous avons pu recueillir les premières observations faisant état de risque réel de dégradation des opérations de plusieurs entreprises des secteurs industriels et commerciaux face à une augmentation subite et significative du coût de leur main-d’œuvre », lit-on dans cette lettre.

« Nous avons également pris connaissance des annonces par certaines compagnie du secteur privé, suite  à cette nouvelle, d’une augmentation de prix de leurs produits, signe annonciateur d’une inflation croissante. Plusieurs de ces entreprises et associations d’employeurs du secteur privé haïtien nous ont fait part de leur crainte qu’une augmentation substantielle du salaire minimum pourrait entraîner, non seulement la perte de nombreux emplois, mais aussi la baisse de la compétitivité de l’économie haïtienne », lit-on dans cette lettre signée par Luc Grillet, manager senior de l’IFC pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

« Toutes modification devrait permettre au minimum la préservation des acquis économiques et ne devrait pas entraîner de vives contestations qui seraient néfastes pour le pays et de nature à limiter ou à freiner l’engouement du secteur privé local et international pour de nouveaux investissements à court, moyen et long terme », selon cette lettre du haut fonctionnaire de IFC qui se dit à la disposition du ministre de l’Économie et des Finances pour « d’éventuelles discussions ».

Le journal a appris de source bien informée qu’au plus haut niveau du gouvernement il y a analyse et appréciation du vote de la Chambre des députés.

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