Notre pays a connu deux grandes turbulences politiques de ce genre, mais la dimension humaine avait été sauvegardée par les hommes politiques de l’époque. En juin 1987, le mouvement Rache manyòk conduit par Victor Benoît qui lançait des mots d’ordre de grève générale sans blocage de route ni de l’huile répandue sur la chaussée, avait provoqué la perte de 20 000 emplois. Aucun des leaders du Groupe 57 n’avait jamais pris le pouvoir pour promouvoir l’économie. En 2003, la Convergence démocratique et le Groupe 184 qui contestaient la présidence de Jean-Bertrand Aristide avaient utilisé les manifestations de rue comme moyens de lutte. Ils les organisaient les samedis et les dimanches. Ils ne bloquaient pas de route et n’avaient pas interdit l’accès à l’eau potable, ni à la nourriture, ni aux soins de santé. Après le départ d’Aristide pour l’exil, aucun de ces leaders n’était parvenu au timon des affaires ; aucun contrat social n’avait été non plus soumis à l’attention des groupes sociaux. Les promesses de transformer Haïti en pays moderne sont restées lettre morte. A l’heure actuelle, comment André Michel, Jean-Charles Moïse, Evalière Beauplan, Marjorie Michel et Shiller Louidor vont-ils pouvoir changer le pays si Jovenel Moïse est chassé du pouvoir, alors qu’ils viennent d’horizons différents puisqu’ils n’ont aucune organisation politique en commun et ne disposent d’aucun projet de société ?
L’opposition politique d’hier et d’aujourd’hui est semblable en matière de déstabilisation. Cependant, plus les progrès scientifiques sont à la portée de l’homme moderne, plus l’homme politique haïtien devient inhumain et moins cultivé.
A l’opposé de Danilo Medina, Jovenel Moïse ne se montre pas encore capable de faire de la fierte d’haiti.