Que font le pouvoir et l’opposition en Haïti quand Danilo Medina étale ses réalisations?

Published On février 27, 2019 | By Samanta Bellange | Uncategorized

A l’occasion de la 42e session du Conseil des gouverneurs du Fonds international de développement agricole (FIDA), tenue à Rome, en Italie, sur le thème « Innovations et initiatives, des entreprises dans le monde rural », le 24 février 2019, le président dominicain Danilo Medina, dans son discours de circonstance, a présenté la République dominicaine comme un objet d’admiration. Après avoir fait l’éloge de l’économie dominicaine qui atteint un taux de croissance de 6,6 % par an, le plus élevé de la région, Danilo Medina a vanté les progrès réalisés par son pays dans la réduction du taux de pauvreté qui est passé de 51 % en 2013 à 25 % en 2018 ; l’extrême pauvreté rurale est passée de 14,5% à 4,1%. Ces chiffres témoignent de la performance de l’économie dominicaine depuis une trentaine d’années et font état également de la bonne gouvernance de l’autre côté de la frontière.

Chose bizarre : au moment où les représentants des pays membres de la FIDA accueillaient favorablement les statistiques du président Danilo Medina, pouvoir et opposition s’entredéchiraient en Haïti. La bande à André Michel préparait la deuxième phase de l’opération « Pays lock », qui consistait à manifester et bloquer les routes à travers le pays pour contraindre une nouvelle fois le président Jovenel Moïse à la démission. Probablement, le président haïtien était en train de solliciter du ministère de l’Economie et des Finances des dizaines de millions de gourdes pour calmer l’ardeur de la contestation dans les quartiers populaires.

Du 7 au 15 février 2019, alors que l’opposition avait lancé la première phase de cette opération et que le gouvernement n’arrivait pas y donner une réponse, tous les touristes qui se trouvaient dans les hôtels de la zone métropolitaine et dans les hôtels de plage de la Côte des Arcadins ont quitté le pays. Pour l’instant, le taux d’occupation de ces hôtels varie entre 2 et 4 %. Les installations hôtelières comme Marriott, Karibe ont enregistré ce catastrophique taux d’occupation pour la première fois depuis leur ouverture. Notre pays a été rayé de la liste des destinations touristiques à la suite de ces événements. Plusieurs lignes aériennes ont réduit leur fréquence de vols à destination de Port-au-Prince et des membres d’organisations non gouvernementales ont quitté Haïti.  Dans combien de temps la bande à André Michel va pouvoir réparer les dégâts causés au niveau de l’économie haïtienne ? Le président Jovenel Moïse et son Premier ministre Jean-Henry Céant vont-ils pouvoir travailler pour remettre le pays dans la bonne direction ?

Notre pays a connu deux grandes turbulences politiques de ce genre, mais la dimension humaine avait été sauvegardée par les hommes politiques de l’époque. En juin 1987, le mouvement Rache manyòk conduit par Victor Benoît qui lançait des mots d’ordre de grève générale sans blocage de route ni de l’huile répandue sur la chaussée, avait provoqué la perte de 20 000 emplois. Aucun des leaders du Groupe 57 n’avait jamais pris le pouvoir pour promouvoir l’économie. En 2003, la Convergence démocratique et le Groupe 184 qui contestaient la présidence de Jean-Bertrand Aristide avaient  utilisé les manifestations de rue comme moyens de lutte. Ils les organisaient les samedis et les dimanches. Ils ne bloquaient pas de route et n’avaient pas interdit l’accès à l’eau potable, ni à la nourriture, ni aux soins de santé. Après le départ d’Aristide pour l’exil, aucun de ces leaders n’était parvenu au timon des affaires ; aucun contrat social n’avait été non plus soumis à l’attention des groupes sociaux. Les promesses de transformer Haïti en pays moderne sont restées lettre morte. A l’heure actuelle, comment André Michel, Jean-Charles Moïse, Evalière Beauplan, Marjorie Michel et Shiller Louidor vont-ils pouvoir changer le pays si Jovenel Moïse est chassé du pouvoir, alors qu’ils viennent d’horizons différents puisqu’ils n’ont aucune organisation politique en commun et ne disposent d’aucun projet de société ?

L’opposition politique d’hier et d’aujourd’hui est semblable en matière de déstabilisation. Cependant, plus les progrès scientifiques sont à la portée de l’homme moderne, plus l’homme politique haïtien devient inhumain et moins cultivé.

A l’opposé de Danilo Medina, Jovenel Moïse ne se montre pas encore capable de faire  de la fierte d’haiti.

 

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