PetroCaribe, salaire minimum : la fuite en avant

Published On mars 27, 2019 | By Samanta Bellange | Uncategorized

A moins de soixante-douze heures d’un nouvel appel à une opération « Pays locked », qui ne retient pas trop l’attention, la Chambre des députés a voté, pour sa première séance régulière de travail de l’année (la tenue de l’Assemblée nationale et le renvoi du Pemier ministre Jean-Henry Céant sont des séances extraordinaires), une augmentation significative du salaire minimum pour toutes les catégories concernées et une modification de la loi qui supporte ce dispositif.

Ce même mardi, la Fondasyon Je Klere (FJKL) a révélé que le juge qui s’occupe du dossier PetroCaribe a émis deux ordonnances pour bloquer les comptes en banque d’entreprises et de personnalités citées dans le rapport partiel de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif et pour demander à des institutions spécialisées (UCREF, ULCC, BAFE) de fournir des informations sur leur patrimoines et transactions.

Avec ces deux coups, le gouvernement et ses alliés ont des munitions pour voir venir les menaces de Jean Charles Moïse pour ce 29 mars 2019, jour anniversaire de l’adoption de la Constitution de 1987.

L’augmentation du salaire minimum et le début des poursuites judiciaires contre les présumés dilapidateurs des fonds publics répondent à des demandes répétées de syndicalistes, de personnalités comme Réginald Boulos et Dimitri Vorbe et de fameux Petrochallengers.

Ces nouvelles arrivent une semaine après le renvoi du Premier ministre comme pour souligner qu’il n’avait pas pu atteindre ce stade d’actions concrètes pour ces dossiers brûlants.

En désamorçant les mines que sont la demande légitime d’augmentation des salaires et la mise en marche de la justice dans le dossier PetroCaribe, le gouvernement peut creuser plusieurs tombes.

La justice mal faite est la plus mauvaise des justices. Le juge n’a encore entendu personne, la Cour des comptes promet d’autres rapports, elle n’a encore prononcé aucun arrêt de débet et voilà que des ordonnances sont émises.

C’est de la précipitation au mieux, une faute qui profitera aux poursuivis au pire, ce sans autre forme de procès.
Qu’on se le rappelle, un commissaire du gouvernement avait déjà tenté de commencer les actions judiciaires par le gel de certains comptes bancaires et il avait dû revenir sur sa décision.

La justice n’est jamais plus précise que quand elle est lente. Pour ce qui est du salaire minimum, le projet de loi n’émane pas du gouvernement. Fruit des émeutes de juillet 2018, il était en souffrance au Parlement depuis septembre de l’année dernière. Les pourcentages des augmentations que le projet de loi voté par les députés proposent dépassent ceux appliqués pour ajuster les prix des produits pétroliers en juillet 2018. Cela peut provoquer des réactions tout aussi radicales

Pas des émeutes des patrons, petits et grands, mais un raidissement aux multiples conséquences. Sans gouvernement légitime, sans avoir tenu des consultations avec les secteurs qui seront impactés, les députés jouent à faire des changements majeurs sur un sujet sensible. Ils se donnent le beau rôle.

Si le Sénat, le patronat ou même l’exécutif diminuent leurs prétentions, ils passeront pour des héros de la cause des travailleurs et les autres- sénateurs, patrons et président- pour des zéros.

Il n’en demeure pas moins que la question des salaires dépasse le cadre du salaire minimum. L’impact sera sur toute l’économie.
Faut-il rappeler que les politiques qui nous ont conduits à l’immobilisme de la justice, à un dollar à 84 gourdes, à un déficit budgétaire record, à une faillite de l’Etat qui ne peut ni faire voter son budget depuis octobre 2018 ni présenter un nouveau Premier ministre après avoir renvoyé celui qui était en place, ces politiques sont toujours à leur poste et la politique néfaste qu’ils conduisent encore en vigueur.

La justice et nos députés font une fuite en avant. Ils émettent de la fumée pour faire écran aux vrais problèmes. Ils confondent vitesse et précipitation.

A chacun d’aborder avec sérénité les jours à venir pour mener à bien chaque dossier. Le judiciaire comme le salarial.

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