La République va mal

Published On février 6, 2020 | By Samanta Bellange | Uncategorized

Avec quels sentiments le président Jovenel Moïse s’apprête-t-il à commémorer ses trois ans au pouvoir le 7 février ? On attend d’avoir la réponse ; on peut douter que le président va sabler le champagne avec le sentiment du devoir accompli. La conjoncture actuelle est une mauvaise note pour le chef de l’Etat qui, d’après la Constitution, est garant de la bonne marche des institutions.

Le président Jovenel Moïse va commémorer ses trois ans au pouvoir dans un contexte particulier. Le pays fait face à une crise multiforme aggravée par l’incapacité des forces politiques en présence à dégager un consensus pour sauver la République.

À l’heure actuelle, les bandits armés sont les maîtres des vies et des biens. Ils violent, tuent, kidnappent au vu et au su des autorités. De Michel-Ange Gédéon à Normil Rameau, de Jack Guy Lafontant à Jean-Michel Lapin, l’entrée sud de Port-au-Prince est restée un problème sans solution. Les bandits y imposent leur volonté. En attendant que les promesses de Jovenel Moïse de les mettre hors d’état de nuire soient tenues, les citoyens sans défense en font les frais. Se sentant en confiance, les bandits ne se donnent plus de limite.

En matière économique, la situation est insoutenable. Même en dehors des données de l’IHSI, en crise depuis des mois suite à la nomination à sa tête d’un directeur controversé, tout le monde sait que l’inflation, l’insécurité alimentaire, le chômage ont le vent en poupe. Ce qui n’étonne personne après les épisodes de «peyi lòk» de 2019. Ce n’est pas pourtant une excuse pour le chef de l’État qui avait pourtant promis de mettre de la nourriture dans nos assiettes et de l’argent dans nos poches. Trois ans après, faut-il patienter ?

Dans le domaine de la gouvernance, nous sommes face à un tableau sombre. On dirait même que la démocratie haïtienne est sur pause. Le président Jovenel Moïse a constaté la caducité du Parlement faute de la tenue des élections législatives à temps. N’était-il pas de la responsabilité du chef de l’État de créer les conditions nécessaires à l’organisation des élections ? Le pire, dans notre démocratie singulière, on ignore quel tribunal qui sera déclaré compétent pour se prononcer sur le conflit opposant la présidence et les 9 sénateurs qui contestent la décision du président Jovenel Moïse. Parallèlement, le pays n’a pas de gouvernement légitime depuis près d’un an. Il faut aussi rappeler que depuis deux ans le pays fonctionne avec un budget reconduit.

On avait pensé qu’avec la caducité du Parlement que le président Jovenel Moïse allait pouvoir, sans embûche, nommer un nouveau gouvernement et doter le pays d’un nouveau budget. Tel n’est pas le cas environ un mois après.

On ne peut pas nier que le chef de l’État va trouver quelques réalisations pour se donner un satisfécit à l’occasion du 7 février. On se rappelle que des équipements lourds ont été achetés, des mini-centrales électriques et des tronçons de route ont été inaugurés… Mais c’est trop peu pour redonner confiance à une population qui fait face à l’insécurité chronique, au chômage, à la corruption et au black-out …

 

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