Brigandage au Sénat

Published On mai 31, 2019 | By Samanta Bellange | Actualités

La séance de présentation de la déclaration de politique générale du Premier ministre Jean-Michel Lapin n’a pas eu lieu ce jeudi 30 mai au Sénat de la République comme l’avait annoncé le président du grand Corps Carl Murat Cantave. Ce dernier a été devancé par les quatre sénateurs de l’opposition qui ont tout bousillé dans la salle de séance en détruisant mobilier et système de sonorisation.

Alors qu’on était invité à assister à une séance de présentation de la politique générale du Premier ministre Jean-Michel Lapin au Sénat de la République, ceux qui se voulaient être ponctuels ce jeudi matin  au bord de mer ont été stupéfaits d’assister à un chaos total au Parlement.

Les quatre sénateurs de l’opposition : Nenèl Cassy, Antonio Cheramy, Ricard Pierre et Évalière Beauplan se sont introduits au petit matin à la salle de séance. Détrompez- vous, ils ne sont pas là pour défendre leur point de vue à coups d’arguments mais à la force de leurs muscles dans une opération plutôt insolite : saboter la salle de séance. En quelques minutes, la salle est défigurée : Des carreaux sont enlevés et cassés, les câbles électriques et électroniques déchiquetés, les fauteuils du président et des sénateurs, les chaises des membres du gouvernement sont jetés dehors.

Fiers d’avoir accompli cet acte qu’ils classent parmi les intérêts de la population, les quatre sénateurs ont alors pris place sous des arbustes non loin de leur trophée, le matériel extirpé. Certains disent qu’ils s’y sont retrouvés pour mieux respirer après avoir déployé tant d’efforts, d’autres pensent qu’ils sont là pour revendiquer l’acte et jouer au fanfaron devant les caméras de la presse. Les mauvaises langues, on en a à profusion mais une chose est claire, les acteurs du jour ont de quoi se justifier comme Évalière Beauplan qui, après maints détours dans l’histoire du pays, parvient à comparer son acte à celui de François Capoix lors de la bataille de Vertières. Selon, l’élu du Nord-Ouest, la bataille de la minorité est tout bonnement une affaire de peuple et personne n’ose dire le contraire.

À vrai dire, comme le président du Sénat Carl Murat Cantave l’avait annoncé la veille et confirmé par le chef de la police Michel-Ange Gédéon, les forces de l’ordre étaient à pied d’œuvre ce jeudi. Leur barrage métallique s’étale de la proximité de la rue des Casernes à l’ouest aux abords de l’APN à l’est. Ce périmètre, aucun véhicule ne le franchit, sinon les autorités frappées de plaques SE ou OF. Un détail échappe toutefois à la sécurité mise en place par les policiers : des piétons peuvent s’introduire dans le périmètre sans aucun contrôle, et là, c’est le pied d’argile de l’édifice sécuritaire du jour.

Profitant de ce relâchement, des dizaines d’hommes et de femmes s’attroupent devant le Parlement pour un début de manifestation. La police tente de les maitriser sans succès, car ils sont là pour provoquer les forces de l’ordre. Après des injures, certains n’hésitent pas à s’en prendre physiquement à des policiers du CIMO qui répondent à coups de grenades lacrymogènes. C’est le premier clasch impliquant la police dans cette journée très mouvementée.

Tout a bousculé vers les 11 heures, quand un groupe de sénateurs proche du pouvoir font leur apparition dans l’espace du Parlement. Dans la foule des agents de sécurité, et des partisans plutôt zélés, on peut voir Joseph Lambert, Onondieu Louis, Garcia Delva, Richard Lénine Hervé Foucand et Dieudonne Numa Étienne qui attire l’attention par ces propos tenus contre ses pairs proches du pouvoir : « Vous êtes des lâches; comment vous pouvez rester les bras croisés et laisser détruire le Sénat ainsi… » Elle n’avait pas encore terminé de cracher sa colère quand des sénateurs viennent l’escorter pour l’évacuer des lieux. Dans leur course, le sénateur Joseph Lambert a eu le temps de confier à la presse : « Nous n’allons pas rester ici car l’endroit n’est pas sécuritaire. ».

10 véhicules de sénateurs se dirigent vers la sortie du parking improvisé du Sénat. Cette flotte de derniers modèles attire l’attention des protestataires qui se sont massés jusque-là dans l’entrée principale du Parlement, ont accouru vers le cortège, criant : « Men vòlò yo. » Leur tentative a échoué car la dernière grosse cylindrée du cortège a eu le temps de filer et les agents de sécurité ont déjà refermé et cadenassé la barrière. Furieux, les protestataires tentent de renverser la barrière mais le cadenas résiste.

À présent, c’est le tour du sénateur Ronald Larèche de faire son entrée en scène. Mal informé de la situation ou trop intrépide, il tente de se rendre sur son lieu de travail et bute sur des manifestants en colère devant une barrière fermée à clef que les agents de sécurité peinent à ouvrir. En quelques secondes, les pare-brise du « Zo reken » du sénateur sont pulvérisés à coups de pierres avant qu’il n’ait eu l’ingénieuse idée de faire un détour salvateur et de laisser la zone en trombe.

La réplique des policiers face à cet acte est sévère. Des coups de feu entrecoupés par les bruits sourds de grenades lacrymogènes pleuvent au Bicentenaire. Dans ce désordre généralisé, le président Cantave, déambulant dans son costume crème, tente de vider les lieux,  mais des agents de sécurité le supplient de regagner son bureau lui disant : « deyò a pa bon ». Il n’a pas tenu tête et a rejoint son bureau.

À midi, les sénateurs Beauplan et Cheramy se sont préparés eux aussi à quitter l’espace mais les agents de sécurité les découragent. Ils ont dû patienter jusqu’à ce que la situation soit sous contrôle avant de quitter le Parlement qu’ils ont eux-mêmes transformé en patinoire pour le président Cantave qui a voulu passer de force.

 

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